Date de sortie : 2024
Réalisateur : Gints Zilbalodis
Genre : Animation, Drame, Aventure
Note globale : 4/5
*Flow* est une fable poétique et sensorielle qui, en l'absence totale de dialogues, parvient à captiver par la puissance de son animation et de sa mise en scène. Une œuvre contemplative qui évoque aussi bien la survie que la résilience face à un monde en mutation.
⚠️ Attention : Cette critique contient des spoilers sur le film Flow ⚠️
Un conte animalier aux allures post-apocalyptiques
Avec *Flow*, le réalisateur letton Gints Zilbalodis continue d’explorer le thème de l’isolement, déjà central dans *Ailleurs*. Ici, il troque l’humain pour un chat noir solitaire, dont la survie est menacée par un monde en pleine mutation. Contraint de partager un radeau avec d’autres animaux – un lémurien, un labrador, un capybara et un oiseau – il va devoir apprendre à cohabiter avec eux pour espérer avancer.
Le film, qui a marqué la sélection *Un Certain Regard* à Cannes, puise son inspiration autant dans le jeu vidéo que dans les œuvres d’Alfonso Cuarón. Son récit, simple mais universel, évoque autant l’adaptation que la perte d’un monde révolu.
Un film qui mise tout sur le visuel
Ce qui frappe d’emblée dans *Flow*, c’est son ambiance hypnotique. Zilbalodis exploite une animation minimaliste mais fluide, jouant sur les textures et les mouvements de caméra pour donner au spectateur l’impression d’être emporté par le courant.
La gestion de l’eau est particulièrement impressionnante. À la manière d’un déluge biblique, elle engloutit les paysages, rappelle la fragilité du vivant et impose un sentiment d’inéluctable. La catastrophe écologique en arrière-plan, bien que jamais explicitée, pèse sur l’ensemble du récit.
L’absence de dialogues renforce cette immersion. Ici, seuls les sons de l’eau, du vent et des cris d’animaux façonnent la narration. Chaque regard, chaque mouvement devient porteur de sens. Ce choix radical donne à *Flow* une intensité rare, où chaque silence devient un dialogue à part entière.

Un voyage initiatique entre tension et contemplation
Si le début du film instaure un rythme contemplatif, *Flow* n’en est pas moins traversé par des moments de tension. La nature, omniprésente, impose ses lois et réduit les protagonistes à leur simple condition de survivants. Il y a ici un parallèle évident avec *Les Fils de l’homme* d’Alfonso Cuarón, notamment dans l’utilisation de longs plans-séquences qui renforcent l’intensité des scènes d’action.
Mais au-delà de cette lutte pour la survie, le film pose une question plus large : qu’est-ce qui définit une communauté ? Contraints de s’entraider malgré leurs différences, ces animaux offrent une réflexion subtile sur le vivre-ensemble et la nécessité d’abandonner son instinct de solitude pour avancer.
Un écho à notre époque
*Flow* ne se contente pas d’être un beau film d’animation. Il porte en lui une dimension métaphorique qui résonne avec notre époque. Derrière cette arche animale se cache une forme d’angoisse contemporaine : l’éco-anxiété, la disparition de l’humanité et l’incertitude du futur.
En refusant d’humaniser ses personnages, Zilbalodis laisse parler l’instinct et la nature brute. Il nous rappelle que la Terre continuera d’exister après nous, que notre héritage est incertain et que, peut-être, le monde se portera mieux sans nous. *Flow* ne fait pas de discours moralisateur, il nous place simplement face à cette réalité.
Conclusion
*Flow* est une expérience cinématographique à part. Ni un film d’animation classique, ni un simple divertissement, il se rapproche davantage d’un poème visuel, où chaque plan raconte une histoire. À la fois hypnotique et bouleversant, il ne plaira pas à tout le monde, mais pour ceux qui accepteront de se laisser porter par son courant, le voyage sera inoubliable.